J'ai eu peur

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OCEANIS 430 (Monocoque)
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J'ai eu peur
subject no 78732
Début Septembre, tirant des bords (babord amure) à 5 noeuds entre les Glénans et la basse rouge par brouillard (visibilité moins de 100 m), mon détecteur de radar en marche, mon fils me crie :Attention au trimaran. En effet surgi du brouillard Sergio Tacchini, toutes voiles dehors faisait route en collision à 15 noeuds (?). Juste le temps d'envoyer à virer pour éviter la collision. Sergio Tacchini n'avait pas son radar en route (mon détecteur l'aurait détecté, il avait détecté un quart d'heure avant une vedette). Filant à 15 noeuds (?) dans un brouillard à couper au couteau, il laisse peu de temps pour réagir. Etant tribord amure il était prioritaire. Devrais-je me payer un radar pour éviter ces engins fous? Daniel
Anonyme (not verified)
answer no 68871

Tu as vécu la différence entre un appareil passif, le
détecteur qui suppose que l"'autre" ait un radar en
marche et un appareil actif "le radar" qui détecte même
les perches des filets de pêcheur.

La conclusion est simple.

André fc

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OCEANIS 430 (Monocoque)
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answer no 68873

Oui, mais je pense que ces trimarans sans radar à 15
noeuds dans le brouillard sont des dangers (même s'ils
sont prioritaires).

Daniel

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answer no 68874

Ils ne sont pas "prioritaires", personne ne l'est; ils
peuvent être éventuellement privilégiés. Dans
l'exemple donné par Daniel, Sergio Tacchini bénéficiait
d'un tribord, mais il aurait aussi bien pu rencontrer
un autre navire plus privilégié. Dans tous les cas, le
privilège n'éxonère pas de l'obligation de précaution.

Je cite le RIPAM:

(citations)

Règle 6 - Vitesse de sécurité

Tout navire doit maintenir en permanence une vitesse de
sécurité telle qu'il puisse prendre des mesures
appropriées et efficaces pour éviter un abordage et
pour s'arrêter sur une distance adaptée aux
circonstances et conditions existantes.
Les facteurs suivants doivent notamment être pris en
considération pour déterminer la vitesse de sécurité :

a) Pour tous les navires :

i) la visibilité ;

(...)

Règle 7 - Risque d'abordage

a) Tout navire doit utiliser tous les moyens
disponibles qui sont adaptés aux circonstances
et conditions existantes pour déterminer s'il existe un
risque d'abordage.

(...)

Règle 19 - Conduire des navires par visibilité réduite

b) Tout navire doit naviguer à une vitesse de sécurité
adaptée aux circonstances existantes et aux conditions
de visibilité réduite.

(fin de citations)

Ca me paraît clair: foncer à 15 noeuds dans le
brouillard sans radar est une dangereuse violation des
règles.

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OCEANIS 430 (Monocoque)
Forum member
answer no 68876

Oui, mais je pense que ces trimarans sans radar à 15
noeuds dans le brouillard sont des dangers (même s'ils
sont prioritaires).

Daniel

Anonyme (not verified)
answer no 68877

Bien sûr, comme sont dangereux les supertankers et
porte containers qui traversent la Manche à + de 20
noeuds quelle que soit la visibilité.
Petite anecdote vécue : en école de croisière en
Manche, sans radar, devant traverser le rail au plus
étroit (Pas de Calais) avec 4 à 600 gros bateaux
passant par jour, un jour de visibilité nulle,
j'appelle le Cross par VHF. Je donne ma position, ils
m'identifient très bien sur leur radar, je leur
demande s'il y a des bateaux dont la trajectoire
pourrait être dangereuse pour moi dans l'heure à
venir. Ils m'en comptent 8, à des vitesses allant de
15 à 23 noeuds, alors que la visi ne dépassait pas 50
m (on voyait parfois à peine le balcon avant...).
Pétole, donc au moteur, inutile de dire qu'on a
traversé tous sens en éveil, prêt à mettre la barre à
fond d'un coté ou de l'autre ! On a rien vu, juste le
sillage (tout frais !) d'un gros, mais entendu
beaucoup de "Pooonnnn !"
Je pense qu'en cas de collision, ils seraient
effectivement en tort, mais encore faut il pouvoir
aller au tribunal pour le raconter...

Anonyme (not verified)
answer no 68879

Perso, je n'ai jamais eu de gros problème en Manche que
je traverse régulièrement.

Soit je manoeuvre, soit les gros et moins gros
manoeuvrent aussi. J'ai un radar depuis dix ans et dans
la pétole, on les voit très bien se dérouter.

Il faut être vigilant bien sur et surtout, si l'on
décide de manoeuvrer, il faut le faire franchement et
suffisamment à l'avance pour que les gros l'identifient
à temps.

Le plus gros danger est avec les pêcheurs dont le
pilote est branché sur leur carte de pêche. Les
changements de cap inattendus viennent souvent de ce
que les "croches" (épaves qui déchirent les chaluts)
sont entrées dans l'ordinateur et que la machine les
évite bêtement.

Le cas du trimaran c'est une probabilité epsilon et ce
jour là il était pour toi Daniel.

Comme dit plus haut, pour avoir raison, il faut être
encore là pour le prouver.

Je connais un cas où un Delph 28 s'est payé un cargo.
Le skipper naviguait en solo...et dormait probablement
d'après ce qu'il nous a raconté

André

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Forum member
answer no 68880

Les super-tankers et porte-containers veillent au radar
(au moins en principe, et certainement dans le Pas de
Calais un jour de brume). Ce qui est reproché au
trimaran du post initial est justement de foncer à
l'aveuglette. Si son radar avait tourné, d'une part le
détecteur de Daniel aurait bipé, d'autre part le
trimaran lui-même aurait été alerté du risque de
collision.

> en école de croisière en Manche, sans radar, devant
traverser le rail au plus étroit (Pas de Calais) avec 4
à 600 gros bateaux passant par jour, un jour de
visibilité nulle

Euh, sans vouloir donner de leçons (je n'y étais pas,
d'une part, et d'autre part il m'est arrivé à moi aussi
de faire des erreurs), "devant traverser" et "un jour
de visi nulle, sans radar", y'a un os. On peut
toujours et on doit parfois renoncer. En "école de
croisière" peut-être encore plus qu'à titre privé.
C'est impopulaire, mais pédagogique.

Anonyme (not verified)
answer no 68881

>On peut toujours et on doit parfois renoncer.
>En "école de croisière" peut-être encore plus qu'à
titre privé. C'est impopulaire, mais pédagogique.

D'accord avec toi. En fait, la brume d'été en Manche
est souvent très brutale (relire Astérix chez les
bretons !). Pour être plus précis, on était de retour
vers la France, on avait déjà traversé le rail
descendant, la brume est arrivée dans le rail montant,
comme un rideau, d'un coup. Ca dure des fois 10
minutes, des fois une demi journée, diffcile à
prévoir, et t'es pas sur que si tu fais demi tour tu
vas pas la retrouver de l'autre côté...
Mais encore une fois, OK avec toi, à choisir, la brume
j'y vais pas !

Anonyme (not verified)
answer no 68889

AU SUJET DU BROUILLARD EN MANCHE.

Perso, c'est l'intempérie qui m'angoisse le plus, et je
ne suis pas le seul. Je me rapelle d'une discussion à
la télé entre un patron de vedette SNSM et celui de
l'Abeille. Le journaliste (Pivot, je crois) avait
demandé au type de la SNSM s'il lui arrivait d'avoir
peur en mer, le type à causé de sa trouille viscérale
du brouillard.

Pour faire dans la platitude, il y a deux types de
brouillards : conduction et advection. la conduction
est rare chez nous, surtout en été. Elle se produit
quand un vent chaud et humide souffle sur une mer
froide. La température chute et il y a condensation. Le
phénomène cesse quand le vent tombe (un cas célèbre se
rencontre à l'entrée des Hébrides à Adnachmurchan
point, près de Skull - 250 jours de brouillard/an). La
conduction au contraire, se produit par temps calme et
chaud. L'air se charge de vapeur d'eau qui condense à
la fraîche. Ce brouillard, particulièrement redoutable
en Manche, est celui auquel nous sommes confrontés en
été, le vent fait disparaîte le phénomène.

Il survient par temps calme, anticyclonique. Il est
effroyable dans les mers à marées. Canicule d'été, pas
un poil de zef, on se traîne dans la pétole et
finalement on allume le moteur pour se présenter au
port à marée haute. En Manche, on se présente presque
toujours au port à la marée haute du soir. Justement à
ce moment, d'énormes quantités d'eau froide du large
entraînées par la marée abaissent la température de
l'eau, la condensation se produit brutalement en
quelques dizaines de seconde, il m'est parfois arrivé
de ne pas discerner le mat du bateau en étant à la
barre. L'horreur totale, plus moyen de rentrer faute
d'amers, on est près des côtes et il faudra passer la
nuit en mer sans visi. Sympa comme tout. Si
l'anticyclone se maintient, éventualité fréquente en
été, il faudra attendre la mi-journée suivante pour
esperer revoir quelque chose.

La deuxième journée de la première fois que je
skippais, j'avais ainsi en vue le phare du Grand Jardin
(St Malo). J'étais à la hauteur du Bunnel, au début du
chenal de la Petite Porte et je voyait tout jusqu'au
port. 15 secondes plus tard, plus de visi, il a fallu
aller à Bréhat, l'étape suivante, de nuit et à l'estime
dans la purée de pois. Sympa, je vous dit. Le voil
s'est déchiré en face du Grand Léjon. Quel soulagement!
Depuis, j'associe toujours ses bandes rouges et blanche
à la sécurité, plus de 20 ans après, ça me fait
toujours chaud au coeur quand je revois ce phare.

Ces brouillards d'advection sont mal annoncés dans les
bulletins météo, alors je vous livre deux trucs. Par
noroît, l'air est clair et le phénomène ne se produit
jamais. Par beau temps anticyclonique, je me pointe
toujours au mouillage d'attente avant la pleine mer, le
phénomène se produisant en gros à l'étale de PM. Comme
cela, j'arrive à entrer au port, la chute de visi est
moins marquée tout près des côtes et à terre. C'est le
seul cas ou c'est moi qui suis le plus prompt à allumer
le moteur.

Anonyme (not verified)
answer no 68894

André afc me fait remarquer que j'ai inversé advection
et rayonnement, ca devient chronique chez moi! Mais
enfin, quelle trouille ca me fiche c't intempérie!

Anonyme (not verified)
answer no 68895

Comme disent JF Deniau et pas mal d'autres, celui qui
dit qu'il n'a pas peur est soit un menteur, soit un
inconscient.

Mais la peur ne supprime pas le danger. Avec l'étude,
la persévérence dans l'entrainement et
l'instrumentation minimale selon la nature du problème,
on peut éduquer sa peur et la dominer.

Avec la brume, tout dépend si elle est présente au
moment où l'on quitte le port ou si on la rencontre en
route.

Même équipé, partir avec de la brume épaisse relève à
mon sens de l'inconscience. Mais bon, chacun est libre.
Le problème c'est quand on met en jeu la vie des autres.

Je me souviens il y a une vingtaine d'années au retour
du solent avec mon vieux gréement d'alors,
naturellement pas de GPS et encore moins de radar, nous
partons avec un soleil magnifique. La traversée se
passe impeccablement, nous passons les rails sans avoir
à manoeuvrer quand d'un coup l'horizon se
masque "nuage" gris marron caractéristique. Vite un
contrôle gonio, il n'y avait que çà à l'époque. Nous
étions sur le bon chemin avec encore une vingtaine de
milles à faire.

Nous nous sommes concentrés sur les courants et sur la
dérive quand au bout de 4 heures dans une super pétole,
quelques bateaux sortis à la pêche nous montrèrent que
nous n'avions pas dévié. Et, coup de pot, nous sommes
arrivés pile-poil entre les jetées.

En fait nous bossions le lendemain et il fallait
absolument rentrer. La majorité des accidents arrivent
notamment en location parce qu'il faut rendre le canote
à une heure donnée. C'est toujours un choix délicat.

Sur notre route, nous savions ne pas rencontrer de gros
dangers à 20 milles de l'arrivée avec une route en
sifflet par rapport à la côte, les rails étant passés.

André

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